Histoire des moulins

Sous la féodalité, les meuniers (à priori, ils étaient tous meuniers à farine) de la seigneurie de Meung-surLoire (centre-ville, Potières, Papecets et Aunay) devaient à leur seigneur (en l’occurrence l’évêque d’Orléans) 4 corvées :
• Le guet de l’évêque : à tour de rôle, ils devaient assurer la surveillance du château de la ville durant le séjour du seigneur, de la Saint-Georges à la Saint-Denis.
• La corvée du pain : lorsque l’évêque séjournait dans sa maison à Saint-Ay, les meuniers devaient lui apporter le pain.
• La corvée du jagleau : de l’Ascension à l’Assomption, les meuniers devaient fournir à l’évêque des fleurs odorantes pour parfumer ses appartements du château.
• La corvée de la bannie : chaque fois que cela était nécessaire, les meuniers devaient aller chercher un bourreau pour punir ou exécuter les personnes jugées par le seigneur de Meung.

Jusqu’à la veille de la Révolution, l’évêque détenait encore le droit de banalité :obligation aux habitants de la seigneurie de Meung de faire moudre leurs grains (afin qu’ils deviennent de la farine) dans ses moulins banaux - le Grand Moulin et le moulin du Fort - et faire cuire le pain dans son four banal, moyennant redevances. Quant au droit de sceau d’eau (c’est-à-dire d’autoriser ou non la construction d’un moulin dans sa juridiction), l’évêque le détenait également dans la circonscription de sa banalité et de sa seigneurie, tout comme n’importe quel autre seigneur dans ses fiefs voire ses arrière-fiefs. Toujours majoritaire à Meung-sur-Loire, la ville pouvait s’enorgueillir d’être, en 1970, la première commune française à posséder encore autant de moulins à farine (9) sur son territoire. En 2011, le moulin du Coutelet cesse son activité. Il était le dernier encore en service même s’il n’utilisait plus depuis de nombreuses années l’énergie de la rivière.

Les moulins

Ardoise – Aunay (Grand et Petit) – Basmont – Chérelle - Clan (Grand et Petit) – Coutelet – Cropet – Deux-Roues – Farou - Fontaine – Flis - Fort – Garance – Grand-Moulin – Grangeais – Grenouillère – Mabray – Marais – Massot - Motte - Neuf – Nivelle – Pantin - Pater - Ponceau - Prelefort – Poterne – Rateaux - Roche - Roudon - Rondonneau – Rouge – Rousselet – Saint-Hilaire – Saint-Pierre

les moulins oubliés

Le moulin de l'oiselet - Le moulin de la Cage - et n'oublions le moulin a vent ! Ce qui porte le nombre des moulins a 41

Les moulins à tan et à chamois

Ce n’est que vers le XIe siècle que la fonction du moulin à eau va se diversifier, à commencer par les moulins à tan (travail consistant à broyer des écorces d’arbres). Exploités par un tanneur, il utilise le tan, et de la chaux, pour préparer les peaux d’animaux afin qu’elles soient imputrescibles  et pour en faire du cuir.
Activité très florissante autour des années 1750, le dernier moulin à tan de Meung-sur-Loire (Saint-Hilaire) arrêta ses activités en 1953.
Après être passés entre les mains du tanneur et, grâce des opérations de mouillage et foulage, les cuirs vont ensuite vers le corroyeur qui les rend plus lisses et plus souples.
Au XIXe et XXe siècle, le moulin de Massot a servi à fouler [piler, presser] les cuirs de la corroierie appartenant aux tanneries magdunoises de la famille LANDRON.
Le tanneur est, très souvent, corroyeur mais également mégissier.  Le mégissier prépare les peaux de moutons, d’agneaux et de chèvres (lorsqu’elles sont délicates et fines) dans des bains d’eau, de cendre et d’alun (sulfate de potassium et d’aluminium). Devenue du cuir, la peau est généralement utilisée pour la fabrication de fond de culottes, de gants et d’accessoires vestimentaires de fourrures (la pelleterie).
 
1 seul a été exclusivement à tan : Les Râteaux

Moulins à chamois

Un autre métier proche de celui de tanneur est celui de chamoiseur qui donne un cuir lavable et souple, se rapprochant ainsi du cuir de chamois. Au cours de la préparation des peaux, ces dernières sont foulées [pilées, pressées] très souvent dans un moulin.
A Meung-sur-Loire, les 3 moulins à chamois n’ont fonctionné qu’au XVIIIe siècle.

Moulins à foulon

Peu de temps après l’invention des moulins à tan, les moulins à foulon font leur apparition en France, plus exactement dans le Dauphiné, dès le milieu du XIe siècle. Mais leur diffusion dans le pays date des XIIe et
XIIIe siècles La destination première des moulins à foulon était la fabrication de draps, idéal pour resserrer et enchevêtrer les fibres de laine qui donne ainsi de l’épaisseur, de la force et du moelleux au drap.
A Meung-sur-Loire, les moulins à foulon cessèrent leurs activités au cours du XIXe siècle.

Moulins à papier

Quant aux moulins à papier, les premiers n’arrivent en France qu’au début XIVe siècle (Troyes) ; ils se diffuseront largement dès 1350. Le travail du moulin à papier consiste à triturer des chiffons dans de l’eau pour en faire de la pâte à papier. Notons que le papier, inventé en Extrême-Orient, arrive en Europe Occidentale via la Méditerranée.
Au XVe siècle, Meung-sur-Loire possédait de nombreux moulins à papier (8 : moulins de la Nivelle, Marais, Farou, Aunay, Cropet, Saint-Pierre, Basmont, Clan et Roudon). Leur implantation a certainement été favorisée par la création d’une université à Orléans en 1306 ainsi qu’aux débuts de l’imprimerie.
A partir du milieu du XVIIe siècle, de nombreuses raffineries de sucre se créent à Orléans. Pour l’emballage des pains de sucre (se faisant en papier), elles avaient besoin du travail des moulins à papier de la région, notamment ceux de Meung-sur-Loire. A cette époque, via un manufacturier orléanais, les moulins à papier utilisaient des matières premières provenant de Fès (Maroc).
Après la Révolution Française, les 5 moulins à papier de la ville ne fabriquaient plus que du papier d’emballage, notamment pour le sucre (à cause de l’existence de raffineries dans la région d’Orléans). Autour des années 1810, de nombreuses raffineries orléanaises ferment leurs portes et avec eux les moulins à papier de Meung-sur-Loire cesseront les uns après les autres leur activité; Le dernier, Basmont, arrêtera en 1842.